Marañon

Marañon

3 – Aux portes de la belle amazone

 

Après la Cordillère des Andes, il me tardait de découvrir un autre visage du Pérou, la selva (« forêt ») ! Sur mon chemin entre Huaraz et l’Amazonie, se trouve Chachapoyas. Une petite ville coloniale de 23000 habitants que les Péruviens situent déjà dans la forêt ! Ce serait à s’y méprendre car Chachapoyas n’a rien à voir avec Tarapoto, Yurimaguas ou Iquitos. Ici, point de jungle exubérante, de chaleur moite ni de grosses bêtes. Toute de blanc vêtue et plutôt fraîche, la ville se situe à 2235m.

A quelques heures de là, se trouve une cité inca aussi intéressante à découvrir que le Machu Picchu et qui plus est moins touristique. Il s’agit de Kuelap. Située à 3100m d’altitude, la citadelle a souvent la tête dans les nuages. C’est donc reparti pour un transfert tortueux de 3 heures en « combi » (minivan). Sur place, j’apprends que la cité a connu trois types d’habitants, les Chachapoyas, ou « peuple des nuages », qui commencèrent à l’édifier en 900, puis les Incas qui furent ensuite chassés par les colons espagnols. Semble-t-il que la cité précolombienne n’a pas encore dit son dernier mot. Les fouilles archéologiques continuent. Son ambition étant bien de faire de l’ombre au fameux Machu Picchu et à en croire le guide, elle a vraiment de quoi y prétendre.

Ma visite de Chachapoyas restera courte. Deux nuits seulement. Après Kuelap, je quitte la tranquillité de la cité blanche pour me diriger cette fois-ci au coeur de la selva ! C’était mythique pour moi de mettre le pied en Amazonie.

Pour y aller, je commence par prendre un combi au départ de Chachapoyas. J’ai alors le curieux pressentiment que ce trajet restera marqué dans les annales de mon séjour. Nous nous retrouvons aussi serrés que des sardines et toutes les demi-heures, un problème survient. La passagère qui vomit, la roue qui fatigue, le chauffeur qui prend sa pause déjeuner, la roue qui continue de fatiguer, les arrêts pour prendre des passagers, la roue qui n’en peut plus et là, comme par miracle, le chauffeur se décide enfin à la remplacer…

Dans chaque gare routière où nous nous arrêtons, nous revivons le même scénario. Les vendeuses de « chifles » (chips de bananes), « refrescos » (boissons fraîches), « galletas » (biscuits)… tendent le bras par tous les orifices du van pour écouler leur stock. Je me retrouve parfois avec des avants-bras à la place des oreilles.

Malgré la lenteur et les nombreuses péripéties, l’ambiance est joviale dans le combi. Les Péruviens alternent entre fous rires et siestes crapuleuses. Pour ma part, j’ai du mal à fermer l’oeil, captivée par le paysage de plus en plus verdoyant.

Enfin, au bout de 9h de trajet, j’arrive à Tarapoto, une des plus grandes villes de la jungle amazonienne péruvienne encore accessible par la route. Il est tard. Je dois rejoindre des amies allemandes avec qui je vais faire un trip de 4 jours dans la jungle. Je ne découvre l’adresse de l’hôtel qu’en parvenant à me connecter in extremis au wifi de la gare routière de Tarapoto. Mon soulagement contraste avec l’ambiance chaotique qui règne dans cette ville. Néons de toutes les couleurs, température tropicale… Les motos-taxis se font la course aux feux tricolores. Me voici de nouveau dépaysée.

Le lendemain, nous prenons un second transport pour Yurimaguas (6h), ville située au bord du fleuve Marañon. Nous y passons la nuit. Comme Tarapoto, l’ambiance de cette ville est vraiment particulière. Avec la moiteur, la lumière tamisée semble être constante quelque soit l’heure de la journée… Nous en perdons la notion du temps.

Pour le diner, nous goûtons les spécialités de la jungle. Ici, ils mangent beaucoup de bananes grillées au barbecue ou bouillies. Ils font aussi revenir de la yuca (une plante de la jungle) ou du riz enveloppé dans une feuille de palmier mélangé à du poulet ou du poisson. J’aime bien la version yuca. Quant au riz, je commence à en faire une overdose !

A Yurimaguas, je fais connaissance avec mes pires ennemis… les moustiques, qui me prennent pour une piste d’atterrissage haute fréquence ! Dans notre l’hôtel, circulent en mode « tout va bien » des espèces de cafards qui grimpent même sur les murs ! Mmmm, que font-ils là ceux-la?! Sympa pour s’endormir…

Le lendemain, nous prenons un bateau pour Lagunas, une sorte de longue barque étroite dans laquelle sont alignées tant bien que mal des chaises pour permettre aux passagers de s’asseoir. Cap vers la première ville non accessible par la route et je rajoute à mon compteur 6h de traversée en plus !

Durant le trajet, je découvre les communautés qui vivent au bord du fleuve dans des baraques en bois. L’accès aux villages me tire de mes rêveries. Ce sont des talus de terre descendant à pic dans le fleuve. Parfois, certains ont creusé des marches dans la terre pour faciliter l’accès… parfois… A chaque accostage, un comité d’accueil guette notre arrivée. Des enfants se baignent dans l’eau saumâtre. Un va-et-vient de locaux se crée entre les passagers qui attendent pour embarquer et ceux qui descendent du bateau. D’autres sont là pour assister à l’arrivée d’un membre de leur famille ou des marchandises, un peu comme l’attraction de la journée. Des produits type poissons ou bananes sont chargés pour être vendus dans les villes.

L’ambiance dans le bateau est « made in Peru ». Des hauts parleurs, donne sans relâche une musique des années 80. Pendant 6 heures, une vingtaine de chansons passent en boucle ! Au bout d’un moment, j’articule machinalement du Flash Dance et autres tubes.
Pendant la traversée, le soleil alterne avec des pluies diluviennes. A plusieurs reprises, nous déplions les bâches que nous relevons quelques minutes plus tard.

Quand nous arrivons à Lagunas, nos guides, Santiago et Reyner, viennent nous chercher à la sortie du bateau. Ils nous aident avec nos bagages, car les talus boueux en claquettes… pas simple ! Me voici aux portes de ma nouvelle aventure…

4-Amazonie

5-Incas

1-Máncora

2-Emeraude

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