Le Défi du Puracé

Le Défi du Puracé

2 – Un volcan, du soufre et du café

Il nous reste un dernier spot à voir avant de quitter la région de Popayan, le parc naturel de Puracé et son volcan. Nous empruntons de nouveau une route non asphaltée. Le bus nous dépose au Cruce de la Mina. Sacs sur le dos, nous devons finir les derniers mètres à pied pour rejoindre le refuge de ce soir. En prélude au lendemain, le vent se met à souffler, ce qui refroidit passablement l’atmosphère. Je cumule alors les couches de gilets, manteaux, chaussettes, bonnet, pour ne laisser aucune chance au froid de s’infiltrer. Le refuge est spartiate mais authentique. Nous cloisonnons les fenêtres. Couchés tôt pour un lever à l’aube. Croix de bois, croix de fer !

5h du matin, le vent ne s’est pas calmé. Bien au contraire… mais nous sommes bien sur nos pieds, prêts à attaquer l’ascension de ce maudit volcan. Je me revois aux Torres del Paine, en Patagonie chilienne. Nous commençons malgré tout notre marche. Les premiers mètres se font à la lampe torche et nous nous égarons un peu dans la pénombre ! Je regrette d’avoir trop chargé mon sac-à-dos. J’avance avec peine. Le vent me défie à chaque pas que je réalise. Nous finissons vite épuisés. Après 2h30 de marche, alors que nous atteignons le but, le vent souffle avec violence, à tel point que nous devons nous accroupir pour ne pas être éjectés. Malgré le but proche, continuellement poussés en sens contraire, nous ralentissons notre progression par trois ! Les derniers kilomètres étant sur une arête, le vide, présent de chaque côté, nous oblige à regret à faire demi-tour !

Le retour est rapide et pour combler notre frustration, nous décidons de visiter les thermes de San Juan. De retour au croisement de la mine, nous attendons le passage d’un bus. Le premier, soit-disant plein, refuse de nous laisser monter. Quelques minutes plus tard, une voiture accepte de nous prendre en auto-stop. C’est amusant de passer pour des aventuriers. Notre chauffeur se montre particulièrement fasciné par notre voyage et ne cache pas son envie lorsqu’il s’aperçoit que nous avançons sans réel plan et comptons sur la chance pour qu’un transport accepte de nous emmener à la destination escomptée. Nous finissons par une séance photos souvenirs pour la famille de Juan-Carlos. Finalement, bien heureux que le bus n’ait pas voulu de nous.

Arrivés aux thermes de San Juan, nous sommes accueillis par les gardes du parc qui nous avertissent de la situation actuelle. Il existe actuellement un conflit entre le gouvernement et les indigènes de ce territoire qui souhaitent récupérer la gestion des thermes. Le site est à-priori fermé dans l’attente d’un accord entre les deux parties. Nous sommes malgré tout autorisés à passer. Nous promettons d’être rapides mais c’est sans compter sur la beauté du site. Les bassins de soufre sont d’une merveille sans précédent ! L’eau limpide contraste avec les couleurs d’automne de la végétation qui vont d’un jaune pastel, à un vert sombre en passant par une déclinaison d’oranges et de marrons. Des passerelles en bois nous permettent de passer d’un bassin à l’autre et s’intègrent parfaitement dans l’ambiance mystique du paysage. Des odeurs de soufre se dégagent de temps à autre… ma foi, pas ce qu’il y a de plus agréable ! L’activité volcanique n’est pas loin. Certains bassins bouillonnent par l’effet du soufre. Encore une curiosité de la nature que j’observe avec frénésie et que je photographie accroupie, couchée, penchée pendant plus de deux heures. Nous tardons tellement que le gardien, inquiet, finit par venir à notre recherche. Il se fait tard de toute façon et nous voulons absolument rejoindre Popayan dans le but de prendre un bus pour Cali, à mi-chemin entre Popayan et Salento, notre étape pour Noël. Nous sommes le 23 décembre, le dernier bus est censé passer à 16h30, il est 16h pile.

Un premier bus s’offre à nous et accepte de nous prendre. L’ambiance est festive et joyeuse. La salsa donne à plein tube. Il fait une chaleur caribéenne et impossible d’ouvrir les fenêtres. Nous sommes immédiatement mis dans l’ambiance. A croire qu’il ne manquait plus que les gringos pour compléter la fête. Dans le couloir de bus, certains se dandinent au rythme de la salsa. Nous nous prêtons au jeu en chantant des refrains de Noël de nos pays respectifs et des photos souvenir. Cette agitation retombe comme un soufflet alors qu’une bonne majorité sombre dans une sieste évangélique ! Je réponds aux questions habituelles de mes voisins de siège : d’où je viens, depuis combien de temps je voyage… Les conversations sont agréables mais je finis par sentir l’ascension du volcan et lutte contre l’assoupissement.

La fin de mon voyage en Colombie approche. Pour l’heure, nous respectons notre feuille de route et arrivons le 24 décembre à Salento. 16h, nous avons notre logement. Il ne manque plus que quelques heures avant Noël. Un coucou à la famille en France s’impose puis le soir tombe et la faim se fait sentir. Nous partons à la recherche d’un restaurant… une pizza pourrait faire l’affaire mais bien mal nous a pris de compter sur un choix de restaurants ouverts le soir de Noël. Le paysage gastronomique ne fait pas rêver… Nous finissons par nous rabattre sur des stands de rue proposant des arepas au fromage. Qu’est-ce que des arepas ? Il s’agit d’une galette de farine mélangée à de l’eau revenue au barbecue ou grill. Les nôtres sont saupoudrées de gruyère râpé et voilà tout ! Bon appétit et surtout joyeux Noël ! Un brin bourratif, je finis par partager mon repas de Noël avec les quelques chiens venus nous tenir compagnie.

Après l’épisode du volcan, Salento fait office de base de repli, autrement dit repos complet et niveau d’activité ramené au plus bas. Aussi, nous ne verrons pas l’ombre d’un grain de café, étant pourtant dans la région la plus productive de Colombie. Salento, c’est en gros une petite ville coloniale avec des balcons et des porches de toutes les couleurs, une rue foisonnante de boutiques et le reste d’une tranquilité absolue. Pour trouver un peu de paix, il suffit juste de prendre une rue perpendiculaire à l’avenue principale d’où affluent tous les touristes. C’est plutôt « tranquilo » ici.

Les paysages alentours sont absolument magnifiques. Alors pourquoi partir quand on est si bien ? L’étape Salento passe de 3 à 4 puis 5 puis 6 jours. Xavi, un Espagnol tombé dans la France quand il était petit, se joint à notre philosophie du voyage. Nous partons tous les trois pour une excursion dans la vallée de Cocora dans le parc national de Los Nevados. Petits malins que nous sommes, nous décidons de faire le trajet en sens inverse afin d’éviter une montée bien raide que nous préférons prendre en descente. Unique en Amérique Latine, le parc naturel de Cocora est le berceau de l’arbre national « palma de cera del Quindio », qui culmine parfois jusqu’à 70 mètres de hauteur. Parsemés dans les collines et mélangés à une nature luxuriante, s’échappent de leur bouche des crachins de brume. Autant dire que je tombe sous le charme de ce paysage. Nous marchons 3 heures au total et rencontrons en sens inverse des marcheurs haletant défaits par la fameuse montée que nous dévalons à notre rythme.

De retour à Salento, nous finissons par nous décider à lever le camp. Nous estampillons l’auberge del Loro de nos drapeaux respectifs. France, Hollande et Espagne prennent donc le chemin du terminal de bus dans le but de rejoindre Medellín, la deuxième ville de Colombie, pour le Nouvel An.

3-Botero

4-Caraïbes

5-Bogota

1-Popayan

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