Le désert blanc

Le désert blanc

3 – En route vers Uyuni

 

De Sucre, je pars pour Uyuni en faisant l’impasse sur Potosi. À la descente du bus, je tombe sur Gielle et Xavier, un couple de Belges en voyage au tour du monde. Nous nous dirigeons dans le même hôtel. Tout naturellement, nous décidons le lendemain de faire équipe pour négocier avec une agence notre prochaine expédition dans le Salar d’Uyuni.

Nous y passons trois jours. Nous traversons un immense désert de sel. L’endroit est magnifique ! Le sol se craquèle en formes hexagonales. Camouflés dans nos vêtements, nous descendons de la voiture, le visage blanchi par l’écran total. Le soleil et le vent nous font bien comprendre que nous ne sommes pas grand chose au milieu de ce désert. Nous apprenons qu’une famille ayant voulu s’aventurer seule y perdit la vie suite à une panne de voiture. Nous nous amusons à faire des photos en perspective. Nous passons la première nuit dans un hôtel de sel et la deuxième, dans un hébergement local en terre avec l’électricité disponible uniquement à partir de 19h.Dehors, sans se laisser distraire par nos appareils photos, des lamas mâchonnent en boucle. Après le désert blanc, nous contournons des lagunes. L’endroit regorge de minéraux et nous offre un camaieu de couleurs, bleu, rouge, vert, blanc… dans lesquels se reflètent les flamants roses. Nous croisons sur notre chemin des volcans, des geysers et un étrange « arbre de pierre ». Plus nous avaçons, plus le décor se met à rougir. C’est le « désert de Dalí ». Il ne manquerait plus que des montres molles pour qu’il prenne des allures surréalistes. Nous sortons du tableau de Dalí en direction de la frontière chilienne. Ici descendent les voyageurs en partance pour Sant Pedro de Atacama. Pour ma part, je dois retourner sur Uyuni. Je repars dans le sens inverse avec notre guide et une partie de l’équipe. J’ai toute la banquette arrière rien que pour moi. Un peu de contorsionisme est nécessaire pour me caler en travers et me voilà partie pour une longue sieste ! Le salar d’Uyuni et ses lagunes resteront certainement l’une des plus belles découvertes depuis le début de mon voyage.

De retour à Uyuni, je prends le lendemain un bus à 6h du matin pour Tupiza qui sera mon ultime étape en Bolivie. Donc réveil à 5h… pffff, je prends sur moi. Sur les deux bus à destination de Tupiza, le plus fantasmagorique est pour moi ! L’engin s’arrête tous les 1/4 d’heure pour prendre au passage des Boliviens sur le bord de la route. A mi-chemin, je descends à Atocha, étrange ville installée au fin fond d’une vallée aride, isolée de tout… Je cherche en vain une poubelle pour jeter mes déchets. Le chauffeur de bus me qu’il y a la rivière asséchée juste à côté ! Je lui fais les gros yeux et lui dit que c’est pas bien de faire ça. Hors de question !

Les gens ici travaillent dans les mines. Un rail de chemin de fer divise ce « no man’s land » en deux. J’ai une bonne heure à tuer dans ce décor digne d’un film des frères Coen. Nous nous retrouvons un petit groupe de gringos à chercher un bar pour boire ou grignoter un truc et passer le temps. Nous nous installons dans certainement le plus petit bar qu’il m’ait jamais été donné de voir. Un cabanon en tôle prêt de la voie ferrée. Je tiens à peine debout. Je grignote une espèce de galette soufflée.

De retour au bus, c’est parti pour le trajet le plus flippant de mon aventure. A savoir que nous sommes dans un bus de 60 places. La route en terre zigzague entre les montagnes. J’ai du mal à croire qu’elle soit à double sens. Beh si ! Notre chauffeur se lance dans un véritable bras de fer avec les bus arrivant en sens contraire pour ne pas tomber dans le précipice. C’est rigolo jusqu’à ce que s’abatte une pluie de grêle. La piste devient alors glissante et peu visible ! Certains passagers se décalent sur le siège d’à côté car l’eau s’infiltre par les vitres. Je suis impressionnée par la sérénité des locaux. Il n’y a bien que les gringos pour être stupéfaits par ce genre de situation.

Au bout de 4 heures, j’arrive enfin à Tupiza ! Soulagée et contente ! Je pars avec Elina, une Finlandaise rencontrée à Uyuni, à la recherche d’un hébergement. Le lendemain, je m’accorde une journée de repos. J’en profite pour écrire et déjeuner au marché une soupe de mani. Le matin, nous négocions une excursion de 7 heures à cheval dans les canyons qui entourent la ville. Nous avons de la chance, le beau temps est avec nous. La fin de journée est spectaculaire. Avec la lumière descendante, le soleil fait rougir la cime des gorges. Le décor est proche des canyons des Etats-Unis, enfin de ce que je m’imagine.

Le lendemain, le réveil est douloureux. Les 7 heures de canasson m’ont laissé des traces ! Sac à nouveau sur le dos, je me dirige tel un robot vers la gare routière de Tupiza. Mon séjour en Bolivie touche à sa fin. A moi l’Argentine ! Je trouve rapidement un combi pour m’emmener à la frontière. Après une bonne heure de route, le minivan s’arrête côté bolivien. Je dois franchir les derniers mètres à pied. La porte s’ouvre toute seule. Je n’ai pas le temps de descendre que l’on me propose déjà la meilleure offre de toute la Bolivie pour mon trajet en Argentine. Méfiance ! Effectivement, de l’autre côté de la frontière je trouve un billet pour bien moins cher ! Je passe la frontière à pied. Mon sac pèse sur les épaules. Il va vraiment falloir que j’expédie une partie de mon chargement en France ou je vais finir aplatie.

Enfin… bref… L’Argentine ! J’en rêvais ! Me voici confortablement installée dans mon nouvel hôtel ambulant avec à mes côtés, ma mamie bolivienne et son étrange odeur de coca !

1-Titicaca

2-Sucre

Share post:

  • /

Leave A Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *