Le trek de la Péninsule

Le trek de la Péninsule

3 – Face au spectacle de la nature

 

Le lendemain de mon arrivée à Trelew, je pars avec Miquel à Punta Tombo pour visiter une réserve de pingouins. Je vais vite me rendre compte qu’en Patagonie les déplacements sont compliqués. Les distances sont tellement longues que sans bus collectif ou agence, je ne vais nulle part. Louer une voiture peut revenir très cher et mieux vaut repérer les stations essence à l’avance ! Ça me frustre car j’ai souvent l’impression de passer à côté de spots ou de ne pas pouvoir sortir des sentiers battus.

Donc j’arrive à Punta Tombo en petit groupe et je suis le même sentier que prennent tous les touristes pour visiter la réserve. La guide nous donne quelques explications et surtout recommandations de respect de l’environnement. Pour le coup, l’endroit est très bien aménagé. Des passerelles nous permettent de circuler au milieu de la réserve. Nous sommes en période de couvaison, aussi, ils sont tous terrés ou cachés sous les arbustes. Quelques pingouins traversent notre chemin, imperturbables, pour se rendre à la mer et chercher certainement leur nourriture. C’est amusant de les voir se dandiner. Certains se déplacent en binôme et semblent même se donner la main.

Si j’étais arrivée quelques semaines plus tard et j’aurais pu voir les nouveau-nés… 🙁 ! Au loin, nous apercevons des baleines faire des sauts, certainement une mère apprenant à son petit. Le spectacle est majestueux mais nous devons repartir. Notre tour comprend une autre destination, Gaiman, un petit village où l’on peut déguster du thé. Mouais… encore un passage obligé à touristes que je me serais bien épargnée. Je crois que je sature vraiment avec les agences !

Après les pingouins, je cours voir les baleines et les veaux marins ! Semble-t-il qu’ils affectionnent particulièrement la Peninsula del Valdés. Alors allons voir… Nous trouvons un hébergement à l’entrée de Puerto Piramides et réservons dans la foulée un tour en pleine de mer pour observer les baleines au coucher du soleil. En à peine un quart d’heure, elles répondent présentes. Elles ne sont pas farouches loin de là et s’approchent de notre bateau sans hésitation, passent en dessous, tournent autour de nous, ou plutôt nous tournons autour d’elles, et laissent sortir de l’eau tantôt un dos, tantôt une tête, tantôt un aileron. Je rêverais d’en voir une sauter devant moi mais ça ne sera pas encore pour cette fois…
10h : Le lendemain matin, malgré le vent, nous partons pour une marche d’une heure en direction de la « loberia ». Ici gisent en bonne et due forme une dizaine de veaux marins. C’est amusant de les voir affalés en bande. Chaque mouvement semble leur prendre une éternité. Pas facile leur vie quand même…

13h : Inspirés par le spectacle précédent, nous nous aprêtons à reproduire la même scène et trouvons une terrasse au soleil, sur laquelle nous n’allons guère nous déplacer pendant plus d’une heure 😉

14h30 : Repas sur le pouce.

15h30 : Ce serait bien de faire quelque chose de plus ! Nous décidons alors, un peu sur le tard certes, de partir vers la baie Punta Pardelas, un autre spot à baleines. Nous suivons Lucas, un Brésilien un peu rêveur et installé depuis quelques jours sur l’île. Il faut compter trois bonnes heures pour y arriver. On est large ! Grâce à la marée basse, nous parvenons à nous frayer un chemin le long de la mer. De nature moqueuse, je rigole de voir les garçons crapahuter tant bien que mal sur les rochers. Nous n’échappons pas à un passage dans l’eau. Pantalons retroussés, appareils photos au-dessus de la tête, c’est l’aventuuuuure !
Les paysages à marée basse sont magnifiques. En Patagonie, le jour semble sans fin. Une douce lumière tamise l’atmosphère. Avec la marée basse et le reflet du soleil, les formes des rochers s’accentuent. Nous passons beaucoup de temps à photographier et à admirer les alentours. Aussi, il nous faudra plus de 3 heures pour arriver au point final. Nous suivons Lucas qui se déplace avec beaucoup d’agilité et part sans cesse en éclaireur pour nous confirmer l’accessibilité du chemin.
19h30 : Arrivés dans la baie de Punta Pardelas, nous voyons enfin ce que nous attendions depuis le début. Au loin, une baleine fait des sauts. La marée est basse. Nous pressons le pas pour nous approcher le plus vite possible. Elles sont juste là. Devant nous. Nous avançons dans l’eau. Elles ne sont plus qu’à quelques mètres. Silencieuses, elles ondulent à la surface de l’eau laissant apparaître de temps à autre leur queue. Et comme si ce n’était pas déjà assez beau comme ça, le ciel se met à rougeoyer puis à tirer vers un bleu polaire. Nous nous laissons hypnotisés par le spectacle à tel point que nous en oublions l’heure. Mais l’obscurité est bien là et sur la baie, la plupart des voyageurs sont repartis. Nous essayons de voir si parmi les derniers visiteurs, certains repartent vers Puerto Piramides. Aucun ! Ils vont passer la nuit là dans leur van. Quelle chance ! Un van ! J’adorerais faire partie de leur voyage.

20h30 : Nous nous faisons offrir un thé et deux carrés de chocolat par un couple de Français à la retraite. Ils se sont pris un an pour faire un tour d’Amérique du Sud en van ! Ouah ! Je trouve ça génial. L’aventure n’a pas d’âge. Quitte à rentrer dans la nuit… nous prenons le temps de discuter avec eux et rigolons d’avance de nos 3 heures de marche dans le noir. Dans le trio, certains semblent plus rassurés que d’autres 😉

21h : La lune est belle ce soir. Elle nous éclaire sur le trajet. Nous décidons de repartir par la côte. Le chemin est plus escarpé mais beaucoup plus court. Même si l’appréhension est palpable, la marche est facile et même très agréable. C’est l’aventuuuuuure !! Nous sommes même fiers de constater que nous n’avons mis que 2h30 pour rentrer.

23h30 : Arrivés à l’hôtel, les filles de l’auberge, soulagées de nous voir arriver, nous racontent que les pompiers et la police sont partis à notre recherche… Ah bravo !Mon séjour dans la Péninsule del Valdés touche à sa fin et je n’ai qu’une hâte, pouvoir toucher enfin le bout du monde. Alors direction Ushuaia !

Si, architecturalement parlant, la ville n’a rien d’exceptionnel, il s’y dégage tout de même une atmosphère très particulière. Le bout du monde n’est pas loin et la proximité avec l’Antarctique nous laisse rêveurs ! La tentation est si forte que je regarde les prix. Le voyage vers le cercle polaire sud coûte plus de 5000 euros… beaucoup trop cher malheureusement. Mais arriver à Ushuaia est déjà une très belle expérience.

À quelques kilomètres d’Ushuaia, se trouve la Terre de Feu. Ouah ! Rien que le nom me fait rêver. Des transferts sont organisés depuis la ville vers le parc. Nous partons pour une rando de 8 heures. Bien que très joli, le site ressemble fortement à ce que l’on pourrait trouver en Europe. Mais une rencontre des plus spéciales va nous faire sentir que nous sommes bien en Argentine. C’est l’heure du déjeuner et nous cherchons un endroit pour nous installer. Plusieurs tables de camping sont disposées dans un sous-bois. Nous sortons nos petits sandwichs jambon-fromage… La piquette aux doigts s’installe. Il fait froid depuis que nous sommes arrivés en Patagonie. Derrière nous, des éfluves de viandes grillées viennent nous chatouiller les narines. Des Argentins préparent un « asado » (terme argentin pour désigner l’une des plus grandes traditions de ce pays, le barbecue). Miquel s’avance alors pour leur demander s’il serait possible de griller nos sandwichs sur le barbecue histoire de les rendre un peu plus appétissants. Et voilà que notre humble pique-nique se transforme en barbecue avec une bande d’Argentins dans le parc naturel de la Terre de Feu. Je distingue rapidement l’asador, autrement dit la personne la plus importante dans ce genre de repas, car c’est à elle qu’il incombe de faire griller la viande. Les Argentins ont l’art d’intégrer rapidement leurs convives. Ils nous font goûter différents types de viande, nous préparent des sandwichs et nous servent des verres de vin. Voici un souvenir que nous ne sommes pas prêts d’oublier ! La troupe est super sympa et curieuse de faire notre connaissance. Nous sommes également surpris de voir à quel point ils connaissent bien la France et l’Europe. Certains ont vécu quelques années en Espagne, connaissent les exploits de nos présidents français, du Barça et nous nomment un certain nombre de villes françaises autre que Paris. Heureux et repus, nous repartons en zigzaguant et le sourire aux lèvres sur la fin de notre mini-trek gourmand.

La prochaine étape logique lorsque l’on vient d’Ushuaia consiste pour la plupart des backpackers à remonter la Patagonie du côté chilien et donc de se diriger vers Puerto Natales pour le grand W dans le Parc Naturel des fameuses Torres del Paine. Ainsi, pendant quelques jours nous flirtons avec la frontière Argentine-Chili.

4-Perito

1-Tilcara

2-Tango

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