A l’autre bout du monde

A l’autre bout du monde

1 – Au Chili j’ai vu…

 

Au Chili, j’ai vu….
Au Chili, j’ai vu le bout du monde.
Au Chili, j’ai vu des lagunes cracher des rafales de vent.
Au Chili, j’ai vu des maisons sur quilles et des cafés avec des jambes.
Au Chili, j’ai vu une église jaune et violette.
Au Chili, j’ai vu une lumière si belle à en faire rougir les volcans.
Au Chili, j’ai vu des escaliers en forme de piano.
Au Chili, j’ai vu une mer d’étoiles.

Et encore… je crois que je n’ai rien vu.

J-2 : Avant Puerto Natales, nous faisons étape à Punta Arenas, chez Rodrigo, le frère d’une amie chilienne de longue date. Ouaaaaah, une maison ! Une chambre ! Un lit confortable ! Personne pour ronfler dans la pièce ! Ce genre de pauses dans les voyages routards font un bien incroyable d’autant plus que Rodrigo nous prend immédiatement en charge. Habitué aux treks et expert des Torres del Paine, il nous emmène dans un centre commercial où nous trouvons l’équipement nécessaire pour notre prochaine rando.
De retour à la maison, des piscos sours (cocktail typique du Chili et du Pérou à base de pisco, eau de vie de raisin, d’oeuf, de sucre et de canelle) nous attendent ! La fin du monde a des airs de paradis, dites-moi ! Le lendemain nous partons pour Puerto Natales. Nous traversons le fameux Détroit de Magellan en ferry. La terre se craquèle comme s’il n’y avait plus assez de matière pour couvrir les derniers hectares du monde. J’aime traverser la Patagonie. Au Chili, surtout dans la Patagonie sud, elle alterne entre lacs, montagnes et longues plaines solitaires ayant pour seuls habitants des centaines et milliers de moutons. Des « estancias » ou ranchs patagoniens, interrompent la monotonie du paysage. De frêles barrières en bois conduisent par une longue et interminable allée à un corps de ferme immense souvent peuplé de chevaux.

J-1 : A Puerto Natales, nous tardons à finir notre bagage. Nous nous endormons nerveux et excités à l’idée de ce trek qui en raison des questions climatiques en impressionne plus d’un. Nous aurons également la tente, les duvets, la nourriture à porter avec nous. Une journée avec 10h de marche nous attend… gloups!!!

J1 (6h30 de marche – 22 km) – 6h30 : Réveil ! Nous devons être à 7h50 à la gare routière. Nous avons 20 minutes de marche pour l’atteindre… mmmm, problème, le temps nous a échappé, nous sortons de l’hôtel à 7h40. Miquel arrête une voiture sur le passage. Le chauffeur accepte de nous conduire en mode « Pékin Express » à la gare. C’est l’aventure qui recommence !
L’arrivée à la Laguna Amarga est plus qu’impressionnante. Des rafales couleur arc-en-ciel viennent se fracasser sur le lac. Un vent psychédélique siffle violemment dans nos oreilles. Les arbres se tordent de douleurs. Les bourrasques giflent les montagnes et les rivières et promènent les randonneurs hors des sentiers battus comme de vulgaires pantins ! Spectacle hypnotisant et intimidant. Je ravale plusieurs fois ma salive…

Arrivés au camping Paine Grande, nous montons illico la tente répétant méthodiquement les gestes de la veille. Pas si mal, on s’en sort pas si mal… Nous préparons quelques sandwichs pour les manger en route car autour de nous tout le monde est déjà parti vers le glacier du lago Grey. Toujours les derniers nous sommes et resterons ! La marche est facile et nous mettons moins de temps qu’indiqué. Nous découvrons donc au bout de 3h de marche le magnifique et impressionnant glacier Grey. Quelques immenses blocs de glace se sont détachés du reste et voguent dans la baie en attendant la fonte… s’ils fondent un jour. Nous nous amusons à étudier leur forme. L’un d’entre eux ressemble à un sphinx.

Les icebergs sont d’un bleu cristal. Nous restons figés devant ce mur de glace en suspension sans mot dire. Le vent, les glaciers, les montagnes, les lacs gigantesques… La nature est si belle et si forte dans ce parc ! Le vent continue de souffler de façon impressionnante. Nous nous accrochons aux rochers pour lutter contre les rafales sans quoi nous serions éjectés de nos positions sans ménagement. Et dire que ce soir nous dormons sous la tente… C’est l’aventure ! Repus de ce beau spectacle, nous faisons demi-tour et retournons au camping. Un refuge en bois circulaire est mis à la disposition des campeurs pour faire leur cuisine. Nous y arrivons les… derniers ! Nous sortons, pas encore déballés de leurs cartons, notre petite dînette et notre mini-chauffe-eau. Autour de nous, tout le monde semble super équipé et habitué. Nous nous regardons… et commençons évidemment à rire. Le rire s’accentue alors que j’essaie de sortir tant bien que mal de son plastique la cuisinière (pas de ciseau…) et que Miquel hallucine face à la taille des mini-assiettes, mini-gobelets qu’il sort un à un de son emballage. A croire que nous allons jouer à la dînette à 30 ans passés. Nous avons une cuillère, une fourchette et le couteau suisse de Miquel. Notre entourage est plutôt silencieux alors que nous partons dans un fou-rire inconsolable. Les larmes coulent. Reste à allumer le chauffe-eau… et beh oui, mais comment ça marche ? Un couple d’Hollandais super pro vient à notre rescousse. Nos yeux s’écarquillent au moment où le chauffe-eau s’allume. Entre-temps, la moitié de la pièce s’est vidée. Et nous nous commençons notre repas. Les derniers, nous allons nous coucher.

J2 (7h30 de marche – 20km) : Cette fois, nous partons avec tout l’équipement sur le dos pour 2h30 de marche. Ouah c’est lourd ! Nous avançons à la vitesse d’escargots. Nos épaules tirent. Quelque chose cloche ! Nous mettrons un peu plus de 3 heures pour arriver au Campo Italiano. Tente montée et repas avalé, nous nous accordons une petite pause avant de partir à la conquête du mirador Britanico. Je trouve au bord de la rivière deux rochets parfaitement disposés pour me créer un fauteuil. Je m’y sens très bien. Malgré le vent qui m’envoie les crachins de la rivière, je parviens à me réchauffer avec les rayons généreux du soleil. Le spectacle est magnifique. Devant moi, sur les montagnes enneigées des glaciers dégoulinent et lâchent de temps à autre des morceaux de glace retentissant comme de vrais coups de tonnerre. Un pont de singe traverse également mon paysage. Je m’amuse à regarder les gens le traverser et s’arrêter par la beauté du spectacle pour le prendre en photo. Je fais de même depuis mon rocher.

Après un repos bien mérité, nous partons sur le sentier de la Vallée del Francès. Les gardes forestiers nous indiquent qu’en raison d’un vent trop violent, l’accès au Mirador Britanico est fermé. Nous faisons fi de leurs commentaires avec la ferme intention d’atteindre l’ultime Mirador.

J2 (7h30 de marche – 20km) : Cette fois, nous partons avec tout l’équipement sur le dos pour 2h30 de marche. Ouah c’est lourd ! Nous avançons à la vitesse d’escargots. Nos épaules tirent. Quelque chose cloche ! Nous mettrons un peu plus de 3 heures pour arriver au Campo Italiano. Tente montée et repas avalé, nous nous accordons une petite pause avant de partir à la conquête du mirador Britanico. Je trouve au bord de la rivière deux rochets parfaitement disposés pour me créer un fauteuil. Je m’y sens très bien. Malgré le vent qui m’envoie les crachins de la rivière, je parviens à me réchauffer avec les rayons généreux du soleil. Le spectacle est magnifique. Devant moi, sur les montagnes enneigées des glaciers dégoulinent et lâchent de temps à autre des morceaux de glace retentissant comme de vrais coups de tonnerre. Un pont de singe traverse également mon paysage. Je m’amuse à regarder les gens le traverser et s’arrêter par la beauté du spectacle pour le prendre en photo. Je fais de même depuis mon rocher.

Après un repos bien mérité, nous partons sur le sentier de la Vallée del Francès. Les gardes forestiers nous indiquent qu’en raison d’un vent trop violent, l’accès au Mirador Britanico est fermé. Nous faisons fi de leurs commentaires avec la ferme intention d’atteindre l’ultime Mirador.

J3 (9h de marche – 23km) : 10h de marche nous attendent avec la tente sur le dos, mon duvet… je suis perplexe… Mais cette fois-ci, nous avons mieux harnaché nos sac-à-dos et le poids semble mieux réparti. Chaque étape franchie est malgré tout un soulagement. Nous faisons des pauses régulières pour le petit-déjeuner et le déjeuner. Nous devons traverser à plusieurs reprises des rivières. Mes chaussures n’étant pas étanches, je les traverse pieds-nus bien contente de pouvoir continuer au sec! Mais c’est sans compter sur les bourrasques de vent. Alors que je traverse en équilibre sur une planche de bois un marécage, une rafale me dégage sans ménagement de mon numéro d’équilibriste. Je me retrouve alors les deux pieds dans la boue sentant l’eau saumâtre s’infiltrer dans mes baskets ! Frustration !!! Je maudis le vent. Au refuge Chileno, ultime étape avant notre campement pour la nuit, nous nous arrêtons pour prendre un chocolat chaud. Réchauffés, il nous reste un dernier tronçon d’1h30 vers le Campo Torres, l’ultime camping avant les fameuses Torres del Paine. Finalement, nous parvenons à notre but ultime avec bien moins de difficultés que nous le pensions. Ce soir, la température est particulièremnt fraîche. Ca sent la neeeeige ! La nuit sous la tente est froide. J’ai peine à croire que nous parviendrons demain à nous réveiller à l’aube pour assister au lever du soleil sur les Torres del Paine.

J4 (3h30 de marche – 9,5 km) : Humide, c’est humide jusque dans mon duvet… 5h30, impossible de décoller. Le lever du soleil se fera sans nous. Mais au sortir de la tente quel beau spectacle. La vallée est toute blanche. Il va falloir attaquer l’ascension du Paine sous les flocons. La montée est raide. Nous nous laissons guider par le ruisseau. Nous nous égarons un instant, puis nous comprenons que le ruisseau est définitivement le chemin à suivre pour nous mener au lieu sacré. L’affaire se corse. Plus de rivière mais des flèches orange qui nous étourdissent. Pour les derniers mètres, nous escaladons la roche. C’est une véritable aventure. Le sommet approche. Nous y voilà. Oups ! Les Torres del Paine ont la tête dans les nuages… Une consolation de ne pas être venus plus tôt. Engoncés dans leur duvet, certains guettent le réveil de ces demoiselles depuis l’aube. Nous attendons également, mais rien n’y fera, le temps restera bouché. Je sens mes pieds geler. Ma patience a des limites et malheureusement, nous repartons en laissant derrière nous les Torres dans leur sommeil pour entamer notre descente vers le point de départ de la navette. Il faut compter 3 heures de marche. Nous sommes des pros maintenant ! Le bus arrive. Je m’assois et puis après, trou noir ! Impossible de résister… Mon corps est plus lourd que les pierres ! Je m’endors avec plein de belles images. Merveilleux trek que les Torres del Paine !

2-Violette

3-Streetart

4-Atacama

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